En guise de transition, et pour ne pas rompre brutalement avec l'atmosphère, certes rude, mais également expressionniste, qui se dégageait du bel article de Nadia (Vertige national), voici deux illustrations allemandes.
La première est extraite du film M. le maudit, de Fritz Lang. Nous sommes près de la fin. Les voyous ont kidnappé l'assassin d'enfant, qui terrorise la ville. Ils lui font un procès, dans une parodie de justice. L'homme (joué admirablement par Peter Lorre) exprime le cycle infernal de ses obsessions, cet éternel retour du même désir qui le conduit au crime. La scène où il s'effondre, après avoir décrit sa violence compulsive, le poids des images qui le hantent, est presque insupportable. Fritz Lang a parfaitement saisi l'Allemagne de l'entre-deux guerres, pays hagard, pays dérivant, interrogeant le réel et jouant avec lui au moyen de sa langue violente, tranchante, effilée, dure comme l'acier du couteau de M.
La seconde illustration n'est autre que la fameuse chanson, ici interprétée par Marlène Dietrich, Lili Marleen. Il n'est pas inutile de rappeler que Marlène, antinazie convaincue, se déclara sans tarder hostile au régime, et refusa avec mépris les offres que lui fit le Dr Goebbels. Considérée, longtemps après la guerre, comme traître à la patrie par nombre de ses compatriotes, elle vécut et mourut (en 1992) à Paris, dans un appartement qui n'avait rien de somptueux.
La première est extraite du film M. le maudit, de Fritz Lang. Nous sommes près de la fin. Les voyous ont kidnappé l'assassin d'enfant, qui terrorise la ville. Ils lui font un procès, dans une parodie de justice. L'homme (joué admirablement par Peter Lorre) exprime le cycle infernal de ses obsessions, cet éternel retour du même désir qui le conduit au crime. La scène où il s'effondre, après avoir décrit sa violence compulsive, le poids des images qui le hantent, est presque insupportable. Fritz Lang a parfaitement saisi l'Allemagne de l'entre-deux guerres, pays hagard, pays dérivant, interrogeant le réel et jouant avec lui au moyen de sa langue violente, tranchante, effilée, dure comme l'acier du couteau de M.
Les voyous, dérangés dans leurs affaires par l'effervescence policière que provoquent les crimes, se substituent aux enquêteurs et aux juges. Ils actionnent un vaste réseau de rue, et parviennent ainsi à mettre la main sur «le maudit». Un peu plus tard, en Allemagne, les voyous feront régner leur ordre et leur justice…
La seconde illustration n'est autre que la fameuse chanson, ici interprétée par Marlène Dietrich, Lili Marleen. Il n'est pas inutile de rappeler que Marlène, antinazie convaincue, se déclara sans tarder hostile au régime, et refusa avec mépris les offres que lui fit le Dr Goebbels. Considérée, longtemps après la guerre, comme traître à la patrie par nombre de ses compatriotes, elle vécut et mourut (en 1992) à Paris, dans un appartement qui n'avait rien de somptueux.
Ces images proviennent d'un dvd, devenu rare, An evening with Marlene Dietrich, spectacle enregistré par la télévision anglaise. Marlène apparaît ici dans l'un de ses derniers récitals. Elle est habillé par Jean Louis, le plus prestigieux des couturiers de la galaxie hollywoodienne. Son manteau de zibeline, qui l'enveloppe, tel un serpent amoureux, et lui fait une traîne de volupté, est une pure merveille ! Agée de soixante-dix, elle chante dans une robe fourreau qu'on a fini de coudre sur elle, plus star que jamais, manifestant une totale maîtrise, dominant la salle, séductrice, irréelle, définitivement sophistiquée : c'est Dietrich ultime. Après cela, elle glissera lentement vers la vieillesse et la mort.
Illustrations : en haut, Peter Lorre découvre sa marque d'infamie, le M du maudit. Ci-dessous, le dvd du film M le maudit, de Fritz Lang se vend 3, 49 Euros, sur le site www.2xmoinscher.com.
Le dvd An Evening With Marlene Dietrich, récital enregistré pour la télévision anglaise en 1972. est proposé à 12, 99 Euros par le site Play.com
5 commentaires:
Un nom qui commence comme une caresse et finit en coup de cravache.
Lili Marlene a beau avoir été récupérée à son corps défendant par le régime nazi, la chanson aux paroles nostalgiques, tendres et douloureuses, est magnifique. Il faut savoir l'écouter sans penser aux hordes sauvages qui l'ont reprise en choeur.
Nous reparlerons de la Dietrich. Vous savez qu'elle a laissé des Mémoires, qui ont scandalisé ses proches et bien d'autres personnes. Je les ai lues, je dois le dire, avec grand plaisir. Au fond, prussienne elle était, prussienne elle est restée. Dure avec elle-même, impitoyable avec les autres, sachant raisonner, connaissant les cœurs et les âmes, sans illusion, pourvue d'un grand appétit, avide, même. Mais elle fut terriblement blessée lorsque Jean Gabin la quitta : «Adieu, la grande…». Gabin fut peut-être le seul amour de sa vie, l'homme qu'elle ne pouvait dominer… Elle n'eut pas seulement de l'allure, elle démontra une volonté, un courage inébranlables. Sa «rupture» avec l'Allemagne ne lui fut pas chose aisée, mais elle suivit sa conscience. Et puis, elle haïssait les nazis.
Alors, oui, nous reparlerons de Marlène D.
Vous savez, dieu sait si j'abhorre la gutturale langue allemande faite pour mener des interrogatoires qui se terminent par des coups de poing dans la gueule... mais Lili Marlene en anglais, et bien ça ne la fait pas.
Moi aussi, je préfère Marlène en allemand !
http://www.dailymotion.com/relevance/search/marl%C3%A8ne+dietrich/video/x802i3_marlene-dietrich-sag-mir-wo-die-blu_music
Vous avez raison, Nadia, mais je voulais vous montrer cet extrait, car il vient d'un récital vraiment exceptionnel de la Dietrich. Je vous invite à vous le procurer. Si vous étiez déçue, je vous en rembourserais le prix ! Je vous ai indiqué un site (apparemment anglais), où j'ai trouvé le dvd correspondant. Je ne l'ai pas vu sur ebay. Si, par bonheur, je le découvrais en France, je l'indiquerais immédiatement. Je le redis : ce récital est unique !
Je connais et comprends votre recul devant la langue allemande. Pour moi, elle est magnifique, et d'une douceur qui peut être exquise, lorsqu'elle touche à la mélancolie.
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