dimanche 21 novembre 2010

Félicité française 1

D'une part, la duchesse d’Andinet-d’Andaine en compagnie d'Amanda, jeune modiste à son service, et copie conforme, au physique, d'une certaine Léocadia, diva morte tragiquement ; d'autre part, le neveu de d'Andinet-d'Andaine, le prince Troubiscoï, amoureux fou de Léocadia, inconsolable.
La pièce Léocadia, c'est une «féerie pour une autre fois», un conte de la période rose de Jean Anouilh, paradoxalement créé en 1940, avec Yvonne Printemps dans le rôle d'Amanda, et Pierre Fresnay dans celui du prince.
Pardon ? Oui, je sais, c'est désuet, mais j'aime beaucoup Anouilh tout de même, en particulier sa période «rosse», et la mélodie de Francis Poulenc, «saint et voyou», est exquise.

Les chemins qui montent à la mer ont gardé de notre passage
Des fleurs effeuillées et l'écho, sous leurs arbres, de nos deux rires clairs.
Hélas ! Des jours de bonheur radieux, de joies envolées,
Je vais sans retrouver trace dans mon cœur.

Chemins de mon amour, je vous cherche toujours,
Chemins perdus vous n'êtes plus, et vos échos sont sourds.
Chemins du désespoir, chemins du souvenir, chemins du premier jour
Divins chemins d'amour.

Si je dois l'oublier un jour, la vie effaçant toutes choses,
Je veux qu'en mon cœur un souvenir repose, plus fort que notre amour,
Le souvenir du chemin, où, tremblante et toute éperdue,
Un jour, j'ai senti sur moi brûler tes mains.

Chemins de mon amour, je vous cherche toujours,
Chemins perdus vous n'êtes plus, et vos échos sont sourds.
Chemins du désespoir, chemins du souvenir, chemins du premier jour,
Divins chemins d'amour.


Felicity Lott, lady anglaise de tempérament français : elle dit la mélodie, sans effet. Elle est parfaite !

3 commentaires:

anne a dit…

Anouilh! Un grand auteur dramatique, et poète à la fois. Il faut pour le jouer à la fois de l'abattage et du goût, alchimie délicate.
J'ai vu Léocadia il y a bien longtemps, avec Feuillère entourée des jeunes Lambert Wilson et Sabine Haudepin. Je crois que c'était parfait...
J'ai voulu revoir cette pièce si poétique cette saison, et il a suffit d'un acteur vulgaire pour me la gâcher (Davy Sardou).
Mais "Colombe", la saison dernière, était une assez belle réussite. Sara Giraudeau m'avait époustouflée.
Cette mélodie de Poulenc est un enchantement. C'est par Yvonne Printemps (qui avait "un nid d'oiseaux dans le gosier" -je crois que le mot est d'Anna de Noailles) que je l'aime le mieux: c'est déchirant de mélancolie. et pourtant léger...

Merci!

Patrick Mandon a dit…

Anne, j'ai vu cette même pièce, avec les mêmes interprètes (Feuillère…). Peut-être y étions-nous le même soir.
Quant à la reprise avec Davy Sardou, c'était au Théâtre 14, non ?

anne a dit…

Oui, au 14. Ç'aurait pu être un très bon spectacle, plein d'une douce fantaisie. Geneviève Casile était très en forme, très heureuse de jouer cela, mais avec un Prince braillard, vulgaire (j'ai envie de dire: Sardou, quoi...) cette pièce aérienne se met à peser insupportablement, et plus rien n'opère...