mardi 21 septembre 2010

La carte noire de Melville : la vie paradoxale

Retour d'une plaisante soirée. Les rues de Paris, en cette fin d'été fraîche et sèche, ne désemplissent pas. Les étrangers y sont heureux, comme étonnés de tant de diversité. Mais il est d'autres personnages, plus inquiétants…
Je m'aperçois que nous n'avons presque plus de visiteurs chez Tous les garçons. Serait-il temps de tirer le rideau, cette fois, pour de bon ? En attendant, j'ai encore deux ou trois choses à suggérer ainsi qu'à terminer.
Dans la nuit parisienne, un moment importuné par des ombres populacières, qui deviennent rapidement agressives voire dangereuses, j'ai pensé à Bob le flambeur, un film de Jean-Pierre Melville, avec Isabelle Correy, affriolante, piquante, charnue, Daniel Cauchy, dévoué à son grand homme, à son dur de référence, à son grand frère, Roger Duchesne.
Bob le flambeur est un film noir, toujours élégant, dans lequel circulent et se croisent des destins contrariés.
Jean-Pierre Melville, juif, résistant, gaulliste, manifesta toujours deux qualités majeures ; le sens du mystère relativement à sa vie privée, et une totale indépendance d'esprit, de jugement. C'est ainsi qu'il choisit, en parfaite connaissance de cause, le comédien Roger Duchesne, alors que ce dernier s'était compromis sous l'occupation. Il n'était certes pas nazi, Roger, mais il aimait à se distraire. Melville lui donna une chance ; la situation devait lui plaire au plus haut point.
Quelqu'un, qui connut bien Duchesne, mort en 1996, m'en fit le portrait chaleureux d'un homme fantasque, disponible pour toutes les folies.
Derrière ses lunettes noires, j'imagine le regard amusé de Melville, refusant toute chance à la «morale objective».
Cela, c'était la France ; un peuple composé d'individus, imprévisibles, attachants, orphelins de leur enfance, qui croyaient fermement que la fiction accordait une chance supplémentaire à la réalité.






9 commentaires:

Joël H. a dit…

Devenir immortel, et puis mourrir. :

http://www.youtube.com/watch?v=f74KrPjvtt4

Tanya a dit…

"Je m'aperçois que nous n'avons presque plus de visiteurs chez Tous les garçons. Serait-il temps de tirer le rideau, cette fois, pour de bon ? En attendant, j'ai encore deux ou trois choses à suggérer ainsi qu'à terminer."
I visit every day!!!!! And Love Tous les garçons s'appellent Patrick!!!!

Patrick Mandon a dit…

Lovely Lady T, all my love from Paris, your kind of town ! Huge kisses !

JMT a dit…

Cher Patrick,

Qu'il serait dommage de ne plus vous lire. Chaque jour ou presque, je lis les articles passés avec délices, vous ayant découvert il y a peu.

J'espère bien sincèrement pouvoir continuer à vous lire. Alors, d'accord ?

Cordialement,

JMT a dit…

Cher Patrick,

Je reviens vers vous.

Ne disposant pas de votre adresse courriel, je me permets de vous demander si je peux, sous votre signature, publier le portrait de Fabius que vous fîtes sur Causeur dans mon blog.

Par avance, je vous remercie de votre réponse.

Bien à vous,
jmt@theaux.com

Patrick Mandon a dit…

Cher Jean-Michel, bien sûr, vous pouvez éditer le petit portrait de Fabius.
Et puis, je ne fermerai pas dans l'immédiat ce blogue, car j'ai encore des choses à dire ; je constatait seulement qu'il était un peu moins fréquenté. Moi aussi je viens vous rendre visite, et je ne suis jamais déçu, vous possédez une vraie sensibilité.

Patrick Mandon a dit…

je constatait !
je constatais (les dégâts) !

jMT a dit…

Bonjour Patrick,

Je vous remercie bien vivement de votre réponse. Elle me réjouit.

Je vais pouvoir faire profiter mes lecteurs (je les compte sur les doigts d'une main...) de ce portrait si vif et acéré que j'apprécie tant.

" Sur le bout des doigts

Je compte les jours
Sur mes doigts
J'y compte aussi mes amis
Mes amours
Un jour
Je ne compterai plus que mes doigts
Sur mes doigts"

Paul Vincensini.

Amitiés bien fidèles,
Jean-Michel

Patrick Mandon a dit…

Jean-Michel, Vous avez eu raison d'entretenir la charmante mémoire de Paul Vincensini par ce poème, qui rend bien compte de son tendre, élégant désespoir.
Je vous en remercie vivement.