Le procureur :
– Toutes ces femmes qui ont couché avec les allemands !
Arletty
- Fallait pas les laisser entrer !
La réponse cinglante de Léonie Bathiat renvoie le mâle français à sa défaite humiliante.
Quelques photographies, faites hier, obsédé que j'étais par l'idée d'illustrer mon propos.
Photographies PM
8 commentaires:
Un foulard pour cacher sa honte et le poème d'Eluard que vous nous aviez donné hier pour adoucir sa peine.
Mais pour dissimuler à notre vue le rire gras de ses tourmenteurs, le rictus des mégères qui la harcelaient, quel rideau pourrons nous tirer ?
Dans quelques très rares cas, je crois que de courageux inconscients se sont opposés à la foule ricanante, au risque de se retrouver eux aussi au bout des sécateurs, et ont emmené les malheureuses terrorisées. Mettons que nous en aurions été... je l'espère de toute mon âme.
Oui, il y eut des gens pour s'interposer, des types courageux et, heureusement, armés, qui tirèrent des coups de feu en l'air pour faire reculer la meute. Il y eut même des portes-cochères qui s'ouvrirent fort à propos, afin de soustraire les malheureuses aux bourreaux.
Aurais-je été de ces intrépides ? Je me le souhaite…
Cher Patrick, Vous vous interrogez sur ce que vous auriez fait et vous avez bien raison.
Personne ne peut savoir ce qu'il fera face à une telle situation. Elle pourra passer son chemin, regarder statiquement, participer, ou intervenir pour faire cesser l'irréparable outrage. Comment savoir ? Je n'ai que 45 ans, mais cette question je me la pose souvent. Qu'aurais-je donc fait à cette époque ? Aurais-je été brigadiste ou non ? Aurais-je collaboré ou non ? Aurais-je collaboré pour mieux trahir et faire de la résistance en même temps ? Cela me taraude. Mais je n'ai jamais trouvé la réponse. J'espère simplement que j'aurai choisi le bon côté.
Ce dont je suis assuré, c'est que, témoin d'une telle scène (et je ne parle pas des lynchages, des jeunes gens traînés par les cheveux, piétinés, roués de coups, des «collabos» de dix-sept ans qui pleuraient comme des enfants perdus), j'aurais été très malheureux, honteux, brisé.
Quels temps terribles ! En moins d'aune année, ce pays connut des scènes de guerre civile, les premiers retours des déportés, les récits d'outre-tombe.
Voilà la France ! Mais, je prends tout, le pire et le meilleur.
Dans un roman, "le petit canard", Jacques Laurent glisse malicieusement un élément décisif à l'heure du choix de son héro: Le hasard. Si il n'avait pas vu son aimée dans les bras d'un militaire polonais (ou anglais je ne sais plus), il n'aurait sans doute pas collaboré. Ou si.
Jacques Laurent : La Parisienne, Arts… Antigaulliste viscéral, libertin (et non pas libertaire), amateur éclairé de sous-vêtements féminins, stendhalien pertinent. Il avait l'une des plus belles conversations de Paris. Et quel amateur de littérature ! Son «Roman du roman» demeure remarquable.
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