À ceux qui disent : «La barbe, ce film ! Je m'y ennuie ou je m'y endors !», je réponds simplement : «Gardez-donc les yeux fermés, vous entendrez mieux la musique.»
Quant aux autres, les extatiques, les «hypnoctateurs», ceux qui s'agenouillent afin de recevoir l'onction de l'amour par Wong Kar-wai, telle qu'elle l'administre dans In the mood for love, je leur dis : «Voici encore un peu de la beauté mouvementée, hanchée de Maggie Cheung, un peu de la grâce de son cou de cygne jaune, et encore un peu de l'élégance triste de Tony Leung. Voici encore un peu du lent ballet de leur désir mutuel, de leurs frôlements, de leur effarement mélancolique.»
In the Mood for Love, avec Tony Leung et Maggie Cheung
Metteur en scène : Wong Kar-wai
Musique originale composée par Umebayashi Shigeru
On pourrait traduire littéralement le titre anglais par : D'humeur amoureuse
2 commentaires:
Finalement, c'est un film chardonnien, non, qui nous dit que l'amour, c'est beaucoup plus que l'amour.
L'effleurement, le temps, le couple.
Le film se termine avec à la radio le discours de De Gaulle en 66 à Phnom-Pen, son plus grand, sans doute, après celui du 18 Juin.
On enchaine ensuite par 2046, et la nuit peut venir
Chardonnien, cher Jérôme, en effet ! Il y a souvent entre deux êtres, une infinité d'ombres et quelques malentendus, mais il y a également une perspective affolante, des lignes de fuite qui donnent le vertige.
Phnom-Pen 66, grand millésime gaullien, avec le 18 juin, certes, et avec le 25 août 1944, un peu négligé mais très prisé des connaisseurs :
«Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l'émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains. Non ! Nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.[…]»
So long, dear J. !
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