La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?
Charles Baudelaire (1821-1867), La servante au grand cœur, extrait de Les Fleurs du Mal, Tableaux Parisiens.
Un vrai climat de Toussaint ! J'aurais pu placer ici Les feuilles mortes, j'y penserai, d'ailleurs, mais dans une version que je n'ai pas encore trouvée.
Extrait du film La cavalcade des heures (1943)
Metteur en scène : Yvan Noé, scénario du même, d'après une idée originale de Louis A. Pascal
Avec : Simone Antonetti, Pierrette Caillol, Fernand Charpin, Jean Chevrier, Jean Daurand, Fernandel, Jeanne Fusier-Gir, Lucien Gallas, Pierre Juvenet, Jules Ladoumegue, Meg Lemonnier, Gaby Morlay, René Noel, Félix Oudart, Michel Roux, Tramel, Charles Trenet.
Dans ce film, Trénet interprète Que reste-t-il de nos amours ? (Charles Trenet et Léo Chauliac), ainsi que Débit de l'eau, débit de lait (Charles Trenet et Francis Blanche)
À ma connaissance, n'existe qu'en VHS.
Voici la version de Autumn leaves (Les feuilles mortes, musique de Joseph Kosma, paroles de Jacques Prévert. On l'entend dans le film Les portes de la nuit, de Marcel Carné, 1946) que je souhaitais vous présenter : celle de Nat King Cole
Et, en supplément, cette belle «jazzerie» sur le même thème, par Stan Getz
2 commentaires:
Un temps pour les souvenirs.. J'adore Trénet, pour les autres morceaux il faudra que j'y revienne car il doit y avoir affluence sur Utube, ça ne marche pas.
Dommage ! la voix de Nat King Cole… Et le grand Charles… Mais, vous y retournerez.
Enregistrer un commentaire