samedi 15 janvier 2011

Se souvenir des belles choses









































«Quemadmodum igitur membris utimur priusquam didicimus cuius ea causa utilitatis habeamus, sic inter nos natura ad ciuilem communitatem coniuncti et consociati sumus. Quod ni ita se haberet, nec iustitiae ullus esset nec bonitati locus.», (Cicéron, De Finibus bonorum et malorum).
(«Donc, de la même manière que nous nous servons de nos membres avant que d'avoir appris à quel usage ils sont voués, un instinct naturel nous unit et nous associe, pour former une communauté politique. S'il n'en allait pas ainsi, la justice ni la bonté ne trouveraient leurs places.»)

Deux ou trois choses remarquables, vues lors de l'exposition «1500», au Grand Palais, en janvier.

- Portrait de Charles de Bourbon en cardinal, attribué à Jean Hey, longtemps nommé le Maître de Moulins (Münich, Alte Pinakothek). Ce peintre d'origine flamande a été très actif entre 1480 et 1500. La contemplation de ses portraits provoquent l'admiration béate. Avec lui, vraiment, le beau et vivace Moyen Age poursuit son entreprise de séduction sur les âmes simples, telles que la mienne…
Charles de Bourbon, avant de se vêtir de la pourpre cardinalice, fut archevêque de Lyon, puis, comme tout un chacun, mourut en 1488 (la construction de cette phrase laisse entendre que 1488 est l'année de l'hécatombe, où «tout un chacun», c'est à dire à peu près tout le monde, rendit l'âme ! C'est évidemment faux, puisque chacun d'entre nous (c'est à dire tous autant que nous sommes), confirme par sa présence, même numérisée, que l'humanité a largement survécu à 1488…).
On notera deux choses : la première est le soutien sans faille que Charles apporta aux arts et aux artistes, la seconde, une certaine ressemblance du cardinal avec Poutine !

– Groupe de trois statues, attribuées à Jean Guilhomet, dit Jean de Chartres, (musée du Louvre, département des sculptures)
De gauche à droite : Sainte Anne et la Vierge enfant, Saint Pierre, Sainte Suzanne. Ils occupaient la salle, où ils étaient exposés, d'une présence vibrante.
Ces œuvres ont été restaurées en 2010 par Agnès Le Boudec-Andrieu (Sainte Suzanne), Christine Bonnecase (Saint Pierre), Julie André-Madjlessi (Sainte Anne). Nous les remercions vivement !

Je veux également signaler à ceux, nombreux et vindicatifs, qui souligneront cruellement le manque de «piqué», la mauvaise «définition» des documents présentés ici, qu'il était interdit de photographier et que les nombreux gardiens faisaient les cents pas dans toutes les salles.
Cela dit, je reconnais qu'ils laissent à désirer.

Photographies PM

18 commentaires:

thé a dit…

Comment allez-vous, très cher ?
Avec Poutine, n'exagérons rien !
Je vous fais un petit coucou car vous n'aurez plus l'occasion de me saluer, le blog de Marigac étant défunt.
J'aime beaucoup ce que fait Marignac ; aussi bien dans ses écrits que dans ses traductions.
Et donc que vous ayez aimé ne fait pas de vous un être foncièrement mauvais !
Je regrette que vous ayez aussi mal pris nos échanges
J'ai vu que vous n'y aviez plus répondu, quant à ma dernière demande
Je suis rarement agressive, sauf en ce qui concerne des personnes telles que vous
Je reconnais avoir été agressive à votre égard ; mais pas envers d'autres Et j'attendais que vous me le prouviez. J'ai attendu longtemps et cela n'est jamais venu.
Et ne me dites pas que j'ai fait des fautes , cela se pourrait , on a tous le clavier qui fourche, sauf ceux, bien évidemment, qui prennent la peine de faire brouillon et etc
Quand je dis, Mandon, je prouve. Moi.

Patrick Mandon a dit…

Thé, je n'ai pas «mal pris» nos échanges, ni ne me suis senti « agressé » par vos propos. Vous avez en effet insulté l'une de mes amies, qui, d'ailleurs, vous l'a confirmé. Or, je suis très fidèle à mes amis, et très solidaires : voilà bien mes seules qualités ! Enfin, je ne vous tiens nullement rigueur de votre « agressivité » à mon endroit. Mieux même, je la comprends. Votre «détestation» de mon immodeste personne est partagée par beaucoup, vous n'avez qu'à vous rendre chez Causeur pour vous en convaincre.
Encore ceci : je suis, le plus souvent, erratique et irrationnel dans mes relations avec les autres. Je pressens que je vais m'entendre avec telle ou tel, je découvre que je m'entends, je reviens sur une mauvaise impression. Souvent, cela commence mal, puis se finit bien. Il se produit aussi des coups de foudre. La passion, l'émotion guident mes préférences. J'aurai vécu « par préférence », je n'espère pas mourir par inadvertance.

thé a dit…

Non, je le regrette, et vous l'ai déjà dit, je n'ai jamais et j'en suis sûre insulté l'une de vos amies. Je sais avec qui j'échange. GOGOL est votre ami et vous pouvez rechercher.
Oui, vous faites preuve d'une grande fidélité, mais je ne pense pas que ce soit votre seule qualité.
Non, je ne ne vais pas sur Causeur. J'y suis allée lire par le passé, et que l'on vous y agresse me paraît bien évident ; je ne pense pas que nous ayons les mêmes raisons, vos agresseurs de Causeur et ma modeste personne.
Il m'arrive d'avoir l'agression facile ; je le reconnais à votre encontre.
Je n'aime pas être accusée de choses dont je ne suis pas coupable.
Je suis coupable de bien de choses, mais pas de celle dont vous m'accusez.
J'ai longtemps et souvent lu les échanges entre birahima et nadia sur Feu, mais n'y ai jamais participé.
Je trouve que d'un point de vue républicain, elles sont méritantes ; républicain, c'est pas trop mon truc, mais c'est le leur.
Il me semble évident que ma préférence aille à birahima qui d'un point de vue trouvaille de langue est inégalable ; ça s'arrête là, je l'ai jamais dit, d'ailleurs, je le dis seulement maintenant.
Et c'est ma seule agressivité à l'encontre de nadia.
Libre à vous de croire.
Mais je ne pense pas que vous puissiez prouver le contraire.
Moi, à votre place, j'aurais mal pris mon agressivité !
Et l'inadvertance nous sied mal, bien mal.

Corinne a dit…

Encore une fois cher Patrick, merci du partage ! Il se dégage de ces sculptures dans le recueillement une belle sérénité, une force tranquille. Un apaisement que de les contempler.

Vincent Deyveaux a dit…

Le contraste est remarquable entre les sculptures et les spectateurs. Voyez comme ceux-ci en comparaison sont informes, sans relief ni dessin, ovoides. Simple constat.

Patrick Mandon a dit…

Thé, c'est très simple, pour ce qui est de mes relations avec les autres, rien n'a jamais compté plus que les affinités secrètes, que révèlent un simple regard, quelques paroles échangées, des mots partagés sur un blogue… Ce qui m'intéresse, ce qui me mobilise, c'est le surgissement d'un autre mystère que le mien.

Anonyme a dit…

Vous êtes un sage PM, et le cachez bien.

J'ai bien aimé aussi ce contraste entre les sculptures et les spectateurs.
sc sc, disent-ils au-dessus de leur tête.
Je ne sais s'il y avait dessein, mais l'effet est saisissant.

Sinon, moi, non, je fais pas feu de tout bois. Et, j'aime quand il s'allume.

Anonyme a dit…

Parti avant que je ne signe.
Dégainé trop vite, sans doute.

thé a dit…

Encore un essai ou alors je vais bien croire que je tire plus vite que mon ombre
Attention
Prêt
Partez

Anonyme a dit…

Le dialogue muet entre les statues et les visiteurs est saisissant. Nous attendons qu'elles s'animent sous nos yeux.
Merci, mon ami.

TFP a dit…

1500 est un bon début pour ce lieu de exposition et la redécouverte de l'histoire européenne. merci pour votre reportage et vos textes Patrick.
Mais osons, sur cette lancée, l'an Mil au Musée du Quai Branly l'année prochaine. Chiche, demandons des fonds, au lieu de les laisser au financement de films d'auteurs malsains et indigestes.

bien à vous,

TFP

Patrick Mandon a dit…

TFP, tout ce qui peut célébrer le beau Moyen Age, couper le cordon sanitaire qui l'entoure, dissiper le malentendu qui fait dire à nos contemporains d'une pensée, qu'elle est « moyenâgeuse », pour la disqualifier, la rejeter dans les prétendue ténèbres de cette époque lumineuse, tout ce qui rend justice à ce grand mouvement des hommes vers le haut, doit être entrepris. Vive l'An Mil, vive le Moyen Age d'Europe !

TFP a dit…

Arrêtez, on dirait moi ...

vous aussi vous vous droguez à Le Goff ?

Patrick Mandon a dit…

TPF, mon grand homme, en matière de Moyen Age, se nomme Gustave Cohen. j'ai eu la chance de suivre les cours d'une femme qui le considérait comme son maître, et qui me l'a vivement recommandé. Son livre « La grande clarté du Moyen Age », a « désenténébré » cette longue période, injustement éclipsée par la Renaissance. Le Goff est venu bien plus tard dans ma vie.
Je note avec agacement, que la nouvelle université traite avec un peu de mépris l'immense travail de G. Cohen, qu'elle accuse de « romantisme ». Pourtant, je vous assure que son adaptation en français moderne de Perceval, que connaissait fort bien Éric Rohmer, vaut toutes celles qui l'ont suivie.
La France est un effort permanent vers le ciel, et non pas un enracinement. Pour moi, nos racines sont au ciel.
Deux visites aujourd'hui, TFP : rien de tel que le Moyen Age pour vous faire sortir de votre repaire…

Anonyme a dit…

Nous sommes toujours un peu englués dans un reste de "crasse médiévale", mais les choses changent. N'oubliez pas Duby ou Pernoud, chacun a oeuvré pour que le Moyen-Age flamboyant et la Renaissance humaniste se donnent la main sans que l'un écrase l'autre.

Anonyme a dit…

Je connais peu G. Cohen.
Par contre, je suis un peu étonnée de ne pas connaître sa traduction de Perceval. Pourriez-vous m'en dire plus ?
C'est une traduction de quel manuscrit ?
Je vais dire à George de lexomaniaque de me trouver ça !

Sinon, je ne pense pas qu'un enracinement soit incompatible avec un effrt vers le ciel.
Au contraire.
C'est lorsqu'on a de profondes racines que l'on peut croître
Ceux qui sont volatiles vont aller deci-delà et seul un vent, bien à eux étranger, pourrait les porter vers où ils n'auraient songer.

thé a dit…

Je n'arrive jamais à signer du 1° coup ; 2° essai

Patrick Mandon a dit…

Thé, sur Gustave Cohen « traducteur » de Chrétien de Troyes, cet extrait d'un entretien avec Éric Rohmer, paru dans Le Monde, le 18 mai 2007 (propos recueillis par Samuel Blumenfeld) : « […] J'avais été frappé par le côté cinématographique de Perceval, de Chrétien de Troyes, dans la traduction de Gustave Cohen, qui est une traduction mot à mot en vers, une traduction beaucoup plus belle que les traductions en prose. ».
Mais vous me posez une question, qui me plonge dans un soudain embarras : où donc l'illustre Rohmer et moi-même avons-nous lu une « traduction » (mise en français moderne) de Perceval ? Eh bien, il me paraît qu'il n'existe pas de tel ouvrage ! Pourtant, nous avons bien lu nombre de pages de Chrétien de Troyes, dont Perceval, par le truchement de Gustave Cohen. Je n'ai pas cité par hasard Éric Rohmer, cinéaste : dans sa fameuse étude « Un grand romancier d'amour et d'aventure, Chrétien de Troyes et son œuvre », Gustave Cohen souligne (révèle) la dextérité de l'auteur dans le maniement des personnages, dans l'animation des scènes, dans la description des paysages, bien propre à passionner un homme d'images.
Pour appuyer son propos, G. C. nous donne de très larges extraits des romans de Chrétien, qu'il adapte en français moderne. Éric et Patrick ont bien découvert Perceval dans une traduction (remarquable mais incomplète) de Gustave Cohen.