mercredi 25 novembre 2009

Les dames dans la vitrine 1

Il pleuvait, ce matin, peu de lumière, un ciel gris. Ce n'était pas un temps à faire des photographies, ni le trottoir…
Je pensais à Blaise Cendrars, le premier poète électrifié, le grand Blaise, humble et génial. Avant tous les autres, dans le tunnel, il aperçut la sortie. Il sentit sur sa joue un petit vent frais, qui annonçait l'accélération du siècle…
-«Blaise, es-tu loin de Montmartre ?
-«Oui, Patrick, j'en suis loin !
Donc, je pensais à Blaise lorsque je croisai le regard et les poses de ces créatures :





















































































Elles me parurent aussi maussades, maigres et méprisantes que leurs consœurs de chair et, surtout, d'os. Je ne vous dirai pas qui les habille ainsi, je me contenterai de penser qu'elles ne gagneraient pas à être déshabillées…
Et Blaise Cendrars, précisément, le manchot lumineux, le fantôme de toutes les gares, glisse à mon oreille :
«Les couturiers font un sot métier
[…]
«Sous la robe elle a un corps»

Il n'y aura bientôt plus de corps sur les podiums.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

On dit que les couturiers sont tous des hommes qui n'aiment pas spécialement les femmes en général... Ceci explique peut être cela ?

Patrick Mandon a dit…

Il est bien possible qu'ils ne les aiment guère, en effet. Mais Coco Channel, elle non plus, ne les aimaient pas…
Il y aurait beaucoup à dire sur la mode. Notre société a beaucoup changé de ce point de vue. Naguère, la haute couture, ou tout au moins ses représentations, était admirée du peuple. On en voyait les photographies dans les magazines populaires. Les défilés «faisaient parler». Les dames, dans la rue, se moquaient ou admiraient, les types sifflaient, se retournaient. On disait : «Cette année, la mode sera courte !».
Tout cela est terminé. il n'y a plus de débat, plus de conversation autour de ce sujet délicieusement futile. La mode est une chose trop sérieuse pour être confiée au peuple.
Hubert de Guivenchy (voyez l'article consacré à Audrey Hepburn), Christian Dior, Cristóbal Balenciaga, Jean Patou, tant d'autres et la trop méconnue Madeleine Vionnet… Ils paraîtront bientôt ici.

Patrick Mandon a dit…

Idem, avec corrections…
Il est bien possible qu'ils ne les aiment guère, en effet. Mais Coco Channel, elle non plus, ne les aimait pas… […]
Naguère, la haute couture, ou tout au moins ses représentations, étaient admirées du peuple.

Corinne a dit…

La haute-couture est devenue aussi inaccessible que ses représentantes faméliques hélas ! Mais s'il devait n'en rester qu'un, je choisirai Christian Lacroix.
Patrick, merci pour votre petit mot ailleurs !
(Entre nous, je crois que vous avez, dans un excès de générosité sans doute, un peu trop nourri Chanel d'un "n" :)

Patrick Mandon a dit…

Vous semez les mots d'esprit, comme le petit Poucet les cailloux.
Voyez ce que je vous suggère sous l'article Le pont des sourires.