jeudi 15 octobre 2009

La marquise perd le nord et le sud (suite)




















































































Voici la suite et la fin de la lettre que m'adressa mon ami Edouard de G, à propos de ma cousine Émilie, dont il fit la connaissance chez moi, au cours d'un souper fin.

(Émile vient de sonner à la porte de l'appartement qu'occupe Edouard)

«Elle entra, je lui dis :
– Vous avez bien fait de venir.
– Non, je ne le crois pas. D’ailleurs, je ne reste pas.
– Dans ces conditions, asseyez-vous !
– Merci !
Elle retira ses gants. Elle prit place sur un fauteuil, s’y tenant bien droite et sans croiser les jambes.
Je lui offris de prendre une collation. Elle refusa, précisant :
– J’ai vraiment eu tort de venir !
– Pourquoi donc ?
– Parce que je sens…
– Que sentez-vous ?
– … que je vais rester !
À partir de ce moment, tout alla très vite. Elle n’osait pas me regarder franchement, elle «circulait» entre les objets, les meuble et les tableaux. De mon côté, je ne la quittais pas des yeux.
– C’est donc ici que vous entraînez vos proies ?
– Mes proies ?
– Vous comprenez fort bien ce que je veux dire.
– Peut-être désignez-vous par ce mot les jolies femmes qui consentent à me rendre visite ?
– Précisément !
– Elles viennent de leur plein gré.
– Oui, enfin c’est ici que… vous les consommez ?
– Non.
– Comment non ?
– Eh bien, cela ne se passe pas dans cette pièce, mais dans cette autre.
– Que vous êtes bête ! je sens que que je vais m’en aller.
– J’aimerais mieux que vous sentiez que vous allez partir.
Elle pâlit, elle rosit, elle rougit. Puis elle rit :
– Goujat ! D’ailleurs, prouvez-moi que vous êtes capable de me faire partir, avant que ne me prenne l’envie de m’en aller.
– Vraiment ?
– Puisque je vous le dis !
Il y eut un silence.
– Mais, si je veux partir, dois-je entrer là (elle montrait la chambre) ?
– En effet. ! Et moi ici (je désignais une partie de son anatomie) !
– Goujat !
– Vous l’avez déjà dit ! Allons-y de conserve. Je vous précède.
– Non, vous me suivez.
Et elle entra dans la chambre…
Par la suite, nous eûmes de brefs échanges. Je me souviens en particulier de celui-ci :
– Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, je sens que je pars !
– Oooooooooooooooooh je sens que je viens !
Galant homme jusqu’au déduit, je m’inquiétai :
– Puis-je rester ?
– Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
– Ahhhhhhhhhhhh, je pars !
– Oooooooooooooh, je reste !

«Voilà, mon cher Patrick, le récit que je voulais te faire de la visite que me rendit «contre son gré» ton adorable cousine.
Je suis ton ami pour le reste de ma vie, et j’espère vivement que tu me présenteras quelques autres de tes délicieuses cousines.
Edouard.

Note : j'ai pris, à l'insu de ta cousine, quelques photographies de nos ébats. Elle a un teint de porcelaine, et son corps a la souplesse du caoutchouc. Elle gémit adorablement, elle geint superbement. Entre mes mains, elle fut comme l'eau vive, et je m'épuisai à la poursuivre. Mais quel voyage !»

15 commentaires:

Euréka a dit…

Je crois que vous allez vous faire voler dans les plumes par votre cousine, Cher Patrick.

Euréka a dit…

Au fait, nous n'avons pas eu la fin de la promenade à cheval, du moins me semble-t-il.

Patrick Mandon a dit…

C'est vrai, EURÉKA, mais nous avons eu la fin de la lettre d'Edouard.
Laissons venir ma cousine…

Euréka a dit…

Bien belle lettre d'ailleurs

Corinne a dit…

Que de voyelles ! Si j'ai bien compris, Edouard, c'est celui qu'on sonne !
Ma foi, ma condition ne me permet point ces écarts de conduite, où alors bien malgré moi ! Figurez-vous que, petite main dans l'atelier du grand Karl dit "le Garde-champêtre" -on ne sait pas trop d'où lui vient ce surnom, ces origines campagnardes peut-être- Peintre Académique à la Cour, (vous le connaissez certainement, il me semble d'ailleurs avoir travaillé sur votre portrait), est un odieux tyran ! Je ne peux m'absenter de l'atelier que dix minutes par jour, et les nuits sont bien courtes.. Ah si seulement il s'adonnait au libertinage, son joug se déserrerait un peu ! Figurez-vous qu'il m'est arrivé de peindre entièrement un des "Chefs d'Oeuvre" qui ont fait sa renommée, sans une once de considération ni même une simple obole qui aurait pu améliorer mon ordinaire ! La condition des femmes dans ce métier est bien cruelle !
Bien à vous.

Patrick Mandon a dit…

C'est donc pour cela, Corinne, que, sur mon portrait officiel, je ressemble tant au «taureau de Bavière» ?

Corinne a dit…

Je m'aperçois mais un peu tard des "figurez-vous" répétés et d'un "c" à la place du "s".. Patrick, vous devriez me corriger.. Pas pour le portrait ! je n'y suis pour rien ! Le Maître a voulu y poser sa touche finale.. Il le trouvait sans doute un peu trop tendre ! Un monstre, je vous dis.

nadia a dit…

J'aime beaucoup votre petite marquise endormie dans sa couverture rose (mon nom et ma photo ont encore disparu. Je ne sais qui incriminer. Dès que je tourne le dos, ce qui m'arrive assez régulièrement, la chose se produit).

Patrick Mandon a dit…

Votre photographie ? Détournée encore une fois par un pervers polymorphe numérisé ! «Tourner le dos» : voilà une position qui peut mettre fin aux rapports entre deux personnes ou bien, au contraire, leur redonner de l'intérêt…

Patrick Mandon a dit…

Je constate que ma cousine ne s'est pas manifestée. Elle doit évidemment être meurtrie par la révélation de ses débordements intimes. Mais, depuis le temps qu'elle nous jouait le grand acte de la femme de glace je ne suis pas mécontent de l'avoir montrée en fille de braise…

Patrick Mandon a dit…

Emporté par mon enthousiasme, j'ai placé quatre photographies. C'est peut être excessif. Faites-moi part de votre impression, et j'en supprimerai si nécessaire.

Euréka a dit…

Je soutiens le maintien de ces très belles photos. Mais elles vont peut-être choquée votre charmante cousine.

Anonyme a dit…

Me voilà réapparue, désormais je ne dormirai plus que d'un oeil.

Corinne a dit…

Les photos sont belles ! Mais Patrick pensez-vous que la marquise viendrait si docilement vous manger dans la main ? Ce sont vos doigts qu'il vaudrait mieux recompter !

Patrick Mandon a dit…

Voyons, Corinne aux cheveux couleur d'encre, ce n'est nullement ma main ! Il s'agit de documents que mon ami Edouard de G. m'a fait parvenir, des photographies qu'il a prises de ses ébats avec ma cousine, à l'insu de celle-ci. Je ne confierai jamais mes doigts à ma cousine, certes pas ! Quant à venir manger dans ma main, il faudrait que la nourriture fût bonne.