samedi 4 décembre 2010

Feinte






Le sommeil ne vint pas, - mais cette douce ivresse
Qui semble être sa soeur, ou plutôt sa maîtresse;
Qui, sans fermer les yeux, ouvre l'âme à l'oubli;
Cette ivresse du coeur, si douce à la paresse
Que, lorsqu'elle vous quitte, on croit qu'on a dormi;
Pâle comme Morphée, et plus belle que lui.


Alfred de Musset, Namouna (1831, extrait)

Photographie PM

4 commentaires:

Joël H. a dit…

Plus de photos svp !

J.M.Théaux a dit…

A*** Elle

Rêvé pour l’hiver

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins blancs.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

En wagon, le 7 octobre 1870

Rimbaud, bien sûr.

J.M.Théaux a dit…

deux ou trois mots sur le court poème d'A.R. :

Le poème a une dédicace A***Elle, avec des étoiles pour masquer le nom de la belle élue. Les étoiles sont apparues plus tard, dans "Un cœur sous la soutane".

Étrange début pour un rêve que de commencer par un verbe au futur: "L'hiver nous irons". Ici, la réalité est embellie : le wagon est de couleur rose et les sièges en bois qu’on imagine inconfortables sont recouverts de coussins bleus : "nous serons bien".

Patrick Mandon a dit…

Jean-Michel, votre choix est si judicieux, et votre commentaire si juste, à la fois savant sans être pédant ! Le jeune Arthur, génial voyou, travaillé par l'esprit de nomadisme, et, en 1870, furieux de n'être pas à Paris, où se joue la terrible scène de la Commune.
Que savait-il, alors, des baisers fous qu'on vole à une femme et qu'elle nous rend ? Qu'en saura-t-il vraiment, plus tard ?
Mais ce wagon rose est, ainsi que vous le dites, volontairement déraisonnable.