mardi 29 décembre 2009

Baguette viennoise

Les musiciens de l'Orchestre philharmonique de Vienne, qui disposent de la liberté de choisir leur chef en cette occasion, ont désigné le français Georges Prêtre, pour la deuxième fois : c'est donc lui qui aura le plaisir et l'honneur de conduire le concert du Nouvel An, à Vienne. L'enregistrement du concert sera directement gravé, puis mis en vente quelques jours après.
Il arrive qu'on se demande s'il est bien utile qu'un orchestre soit dirigé. Après tout, la conduite des musiciens se trouve dans la partition… Pour ce qui est des mauvais chefs, leur présence est plus qu'inutile, elle est nuisible ; mais quand Otto Klemperer, Sergiu Celibidache, Gustav Mahler, Ernest Ansermet, Georg Solti, John Barbirolli, Kurt Masur, Bernard Haitink, William Christie, Bruno Walter, Daniel Barenboïm, Zubin Metta, James Levine, Colin Davis, Wilhelm Furtwängler (injustement calomnié), Laurent Petitgirard, Rafael Kubelík, René Jacobs (anciennement chanteur, voix dite de contre-ténor), et quelques autres, s'installent au pupitre, ils gouvernent l'orchestre à la manière d'un roi éclairé, bien loin de la tyrannie d'un Herbert von Karajan !

Voici donc, dirigé par Georges Prêtre, l'Orchestre philharmonique de Vienne, pour le concert du Nouve An, en 2008, dans La Marche de Radetzky, de Johann Strauss père. En règle générale, le public accompagne l'orchestre en claquant des mains !
À propos, si vous n'avez pas encore lu La Marche de Radetzky, merveilleux roman de Joseph Roth sur le lent déclin de l'empire austro-hongrois, il n'est pas trop tard !



Je ne résiste pas au plaisir de glisser ici un court extrait de l'entretien que René Jacobs a accordé à Teresa Pieschacón Raphael, pour TV Arte :
«Un simple chanteur dans une production dont il n’aime pas la mise en scène n’a que peu de chances de s’épanouir. A moins d’être célèbre et de s’imposer. J’ai souvent dû faire contre mauvaise fortune bon cœur. Je le vois maintenant dans mes productions, certains acteurs sont mécontents. Le plus grave est la toute puissance du metteru en scène, un phénomène de notre temps. Cela s’inscrit dans la logique d’une évolution de l’opéra que je juge malsaine. Au commencement de l’opéra, au XVIIème siècle, les choses étaient en ordre. C’était « dramma per musica ». Pas d’arias, seules quelques envolées lyriques, les dialogues étaient à moitié parlés, à moitié chantés. Mais très vite, l’horloge s’est déréglée. Les arias gagnaient en importance, les récitatifs en perdaient. Le chanteur était trop puissant. Puis vint la période du compositeur tout puissant qui monopolise l’attention, ce dont Wagner est le meilleur exemple, à mon avis. S’en suivit l’époque du metteur en scène. Pourtant il ne devrait jamais y avoir une personne toute puissante. Un opéra n’est bon que lorsqu’il y a travail d’équipe, quand personne n’évince l’autre».

3 commentaires:

Patrick Mandon a dit…

On observera que Georges Prêtre dirige la salle, en se tournant vers elle, et, à la baguette, lui indique la tonalité à respecter, afin que ses applaudissements ne couvrent pas l'orchestre ni ne jouent à contre tempo.

Euréka a dit…

A la 7ème de Beethoven dirigée par Wilhelm Furtwängler !!! C'est très certainement la plus belle interprétation jamais donnée.

Patrick Mandon a dit…

Tout Furtwängler, Euréka !