mardi 15 décembre 2009

Freddy «quatre boules de cuir» Skouma


Ce matin, conversation avec Freddy Skouma, qui se maintient dans une belle forme physique. Boxeur spectaculaire, il possédait la foudre, l'arme absolue sur un ring : le punch. L'homme est très intéressant ; il a laissé remonter à la surface ses blessures intimes, s'est mesuré à elles et les tient à distance. Nous partageons la même admiration pour Cassius Muhammad Ali Clay : «C'était le plus beau ; un guerrier complet. Comme je l'ai écrit dans mon livre : «"Je n’ai pas été Muhammad Ali, mais j’ai boxé pour l’imiter"». Boxeur, Freddy cherchait le contact, voulait l'affrontement. Il mettait tout son corps à la disposition du combat. Il se méfiait des adversaires dont le visage était lisse, car ceux-là savaient parer les coups.
Il parle avec une grande précision, sur le mode d'un boxeur à l'entraînement : des phrases brèves, des mots précis, peu d'images, des séquences rapides. Il évoque la «tragédie» de Mike Tyson : comment dire mieux, avec une ampathie «sèche», la détresse profonde de ce guerrier dévoré par la lumière, par le monstre de la renommée ? Avant de nous séparer, nous évaluons les chances de Jean-Marc Mormeck face à Vinny Maddalone, un américain redoutable, ce jeudi 17 décembre. Mormeck, anciennement lourd-léger, tente le tout pour le tout chez les poids lourds. Il a augmenté sa masse musculaire et s'est parfaitement préparé. La partie sera rude pour le français, excellent technicien, mais il se trouve dos au mur et doit absolument être vainqueur. (document ci-dessus : Freddy Skouma en compagnie de son entraîneur, Jean Bretonnel, droits réservés.).
En 1983, Freddy Saïd Skouma, remporte le Prix du meilleur boxeur décerné par la BBC. Sept fois champion d'Europe, deux fois vice champion du monde chez les super welter, il a gagné quarante-trois combats dont trente par KO.

Freddy Skouma, les musiciens de jazz Michel Portal (clarinette) et Daniel Humair (batterie), et Henri Carballido (compagnie L'embardée) ont imaginé un spectacle remarquable, représenté en 2008 au théâtre Zingaro (Aubervilliers), une sorte de rêverie sensuelle sur la chair, le mouvement, le regard, la perception d'un boxeur.
«Je m'approche de mon adversaire, ses yeux comme les miens fixent l'infini. J'y vois un homme bleu sur son chameau dans le désert, il lutte contre le vent. Je colle mon corps contre le sien. Il faiblit. Il ignore combien il va sentir ma présence. En boxe, il ne faut bondir sur l'ennemi qu'après l'avoir jugé. J'ai passé des heures à observer mon chat...»
Freddy Skouma, Le corps du boxeur, Pauvert, 2001.

Jazz Boxe met en scène la vie, la souffrance, l’exaltation d’un boxeur que le combat élève au-dessus de la foule. Jazz Boxe devrait être prochainement présenté à Paris.



Jean-Marc Mormeck Le Défi, jeudi 17 décembre 2009, Halle Carpentier, Paris
















Un documentaire de James Toback, sorti sous la forme d'un DVD, rend parfaitement compte de l’itinéraire chaotique, dangereux, fascinant de Mike Iron Tyson. Disponible depuis le 2 décembre.



Et aussi «When we were kings», un document exceptionnel sur le combat organisé par Don King, pendant lequel s'affrontèrent Mohammed Ali et George Foreman, en 1974, à Kinshasa (Zaïre).

6 commentaires:

Corinne a dit…

Patrick, vous rappelerez-vous du nom de ce boxeur d'origine sénégalaise, une force de la nature doublée d'un chic type qui se fit descendre par la presse américaine à cause de sa couleur de peau, on le traitait de "singe" mais il mettait tous ses adversaires au tapis. Il refusa plusieurs combats arrangés, il ne voulait pas "se coucher", et il a fini tragiquement oublié de tous, assassiné en pleine rue. Vous qui savez tant de choses, peut-être vous en souviendrez vous, son nom ne me revient pas et pourtant il mérite d'être connu de tous lui aussi. Il a dû combattre pendant les années 50 je crois, aux Etats-Unis.

Corinne a dit…

Pardon, mais je viens de retrouver le nom de ce boxeur, il s'agit de "Battling Siki" !Pas du tout en 50 mais né en 1897, il est mort âgé d'à peine 28 ans, en 1925.

Patrick Mandon a dit…

Corinne, l'affaire que vous évoquez me fait penser à un fameux boxeur né français, à Saint-Louis, au Sénégal surnommé Battling Siki. En effet, il fut assassiné aux États Unis, mais à une époque antérieure.
Est-ce à lui que vous pensez ? Il y eut d'autres tragédies dans le monde de la boxe.
Chère amie, cela me plaît beaucoup que vous vous soyez intéressée à cet article. Un combat de boxe, pratiqué dans les règles, est une tragédie dansée : deux hommes, deux champions (au sens classique du terme, chacun représentant un clan, un pays, une allure, voire une race) se cherchent, se frôlent, s'affrontent, se haïssent et s'aiment infiniment. J'hésitais à aborder ce thème, je vous remercie de ne pas m'en avoir blâmer.

Patrick Mandon a dit…

Chère Cheveux d'encre, nos mots se sont croisés…

Corinne a dit…

Oui, Patrick, mots croisés ! J'aime les affrontements directs, non dénués de sens s'il s'agit d'honneur, de sportivité, de dignité, les duels à l'ancienne. Ca ne manque pas de noblesse et de coeur. La boxe en fait partie, à condition de respecter les règles du jeu, ce qui n'est pas toujours le cas, Battling Siki, entre autres en a fait les frais. Si jeune !
Bonne soirée cher Patrick.

Patrick Mandon a dit…

Chère Corinne,
Hélas ! Je tape, ainsi que vous me l'avez indiqué, http://picasaweb.google.fr/corinne.salou, mais rien ne vient, ou seulement le site picasaweb.google.fr.Que faire ? J'aimerais beaucoup découvrir vos photographies, accompagnées d'un bref commentaire, mais comment dois-je m'y prendre ?
(par précaution, je place ce même commentaire sous l'article «Rumination».