mercredi 16 décembre 2009

Rumination

Ce matin, bref échange avec un homme que j'appelle Proust, parce qu'il m'évoque, par son phrasé, la mondanité curieuse, bienveillante du grand Marcel. Il connaît parfaitement le bottin politique, dont il énumère chaque figure en enrichissant sa biographie d'un trait d'esprit plus que piquant. Jusqu'à présent, il se désolait moins qu'il ne s'amusait du spectacle permanent des élus et des appelés, des courtisans, des prébendiers… Mais aujourd'hui, malgré sa mine réjouie, son œil pétillant, sa faconde, il paraît offusqué : l'inutile débat sur «le sentiment d'être français» le navre, les gesticulations du premier magistrat de la République l'irrite, et le petit commerce du vélib parisien, qui coûtera fort cher aux contribuables, le scandaliserait presque ! Il prétend qu'il s'éloignerait volontiers de ce «marigot» si «la nécessité» ne le retenait : «Paris est d'un triste ! Et les parisiens sont plus irritables que jamais. Que sommes-nous devenus ?». Il rit et s'éloigne.
Au mois de septembre dernier, j'avais pris quelques photographies d'une manifestation de paysans, sur le sujet du lait, aux Invalides.
Avons-nous encore la faculté de ruminer ?





5 commentaires:

Corinne a dit…

Il nous faudrait pouvoir prendre le temps de ruminer tout ce qu'on veut nous faire ingurgiter, mais hélas, nous n'avons qu'un estomac !
ps : je vous ai laissé un petit mot sous Lachaise..

Anonyme a dit…

Je rejoins votre ami Marcel sur le sentiment d'inutilité de ce débat identitaire. Peut-on définir pécisément pourquoi on aime un homme, son pays, un ami ? On peut tenter d'y mettre des mots, certains le font d'ailleurs merveilleusement bien comme vous en particulier Patrick, mais est-ce vraiment nécessaire ? On aime, point. Même quand votre pays n'est pas "votre genre". Mon genre est plutôt oriental, roule les r et pleure son shtetl... et pourtant il n'y a pas plus française que moi. Les 60 millions de paradoxes sur pattes souhaitent bien du plaisir à celui qui tentera de définir notre identité nationale.

Patrick Mandon a dit…

Chère Corinne,
Hélas ! Je tape, ainsi que vous me l'avez indiqué, http://picasaweb.google.fr/corinne.salou, mais rien ne vient, ou seulement le site picasaweb.google.fr.Que faire ? J'aimerais beaucoup découvrir vos photographies, accompagnées d'un bref commentaire, mais comment dois-je m'y prendre ?
(par précaution, je place ce même commentaire sous l'article «Rumination».

Chère Nadia,
Marcel a vu le fonctionnement du manège. Néanmoins, il n'a pas ce cynisme «canal+», si commun à la génération «écoles de commerce». Il sait que le gouvernement des hommes est une combinaison de sorcellerie et de raison. Il s'est amusé follement, mais il paraît depuis quelque temps plus inquiet, presque las ! Ce n'est pas bon signe…
Qu'est-ce donc qu'être français ? C'est une question très élégante, surannée, à laquelle d'anciens diplomates répondaient naguère, et qu'ils développaient au moment du dessert…

Corinne a dit…

Je rentre à l'instant d'une expédition enneigée, les enfants sont ravis, pas d'école donc déjà en vacances.. Patrick, vous allez pouvoir nous faire de belles photographies de Paris enneigé!

Etonnant que mon lien ne fonctionne pas, essayez donc un copié-collé c'est plus sûr de
http://picasaweb.google.com/corinne.salou
Une petite question : le placez- vous bien dans la barre d'affichage "http",tout en haut de l'écran, là où s'affichent l'adresse des sites que vous consultez (pas dans la recherche google) ?
Je viens d'essayer d'un autre ordinateur et ça fonctionne..

Corinne a dit…

où s'affichE, pardon.