Il y a quelques années, j'assistai, invité par un ami journaliste, au «retour» d'Alain Delon au théâtre Marigny, à Paris, dans une pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt : Variations énigmatiques. La salle était celle des grands soirs. Je me souviens très bien de cette sorte de bourdonnement léger lorsque Delon parut, qui succédait à la nuit et au silence. Il remporta un triomphe, ses admirateurs du petit peuple, sagement rangés sur un côté de la scène, attendaient qu'on les autorisât à venir lancer leurs bouquets de fleurs. J'ai beau aimer Delon, j'ai le souvenir d'un ennui pesant, avec des moments ridicules. Francis Huster se tirait honorablement du rôle d'«accompagnateur» du maître. La pièce n'était pas bonne, mais, par surcroît, Delon avait pris les choses en main. Loin de le contraindre, de l'éloigner de sa statue, le metteur en scène lui avait laissé la bride sur le cou. Résultat : Delon fixant l'horizon de ses yeux durs, Delon bondissant «tel un félin», Delon solitaire serrant les mâchoires à l'évocation d'un chagrin ancien. Bref, le bel Alain comme au cinéma, mais sans la rigueur d'un Melville, l'esthétique d'un Visconti, sans la caméra…
Cette histoire m'a tout de même permis de découvrir les Variations énigmatiques, auxquelles la pièce emprunte son titre.
Je me tais et vous laisse écouter…
Nimrod, Extrait de Enigma variations, d'Edgar Elgar, ce moment comme produit par le souffle de l'air et la fantaisie d'un dieu tranquille. Daniel Barenboim dirige l'Orchestre symphonique de Chicago, en 1997. Il était légitime que Barenboim succédât à Georg Solti, après le décès de celui-ci : qui d'autre ?
4 commentaires:
Nemrod.. Une mélodie lancinante et assez obsédante, une spirale douce et ascendante. Patrick, Nemrod lui aussi souffrit, selon la légende, de migraines atroces dues à un moustique qui s'était logé ..dans son nez ! Punition pour celui qui voulut défier Dieu, il en mourut.
Ravie de constater que vous avez, vous, pu déloger le mal !
Chère Corinne, j'ignorais la mésaventure de Nemrod. Je ne sais ce qui s'est logé, sinon dans mon nez, au moins dans mon cerveau pour que je m'éveille chaque matin, désormais, avec une épouvantable migraine. Il fait un temps à aller au cimetière ou au théâtre ; tant que j'en ai encore le choix, j'opte pour ce dernier. Je rendrai visite à un homme dont j'apprécie à la fois le talent à la scène et l'esprit à la ville, Jean-Laurent Cochet.
J'imagine que vous êtes encore dans le bleu, dans la mélancolie du blues. Alors, pour vous, à votre attention toute particulière, et pour le plaisir de tous, je place un nouveau message…
Cher Patrick, prenez soin de vous. Vous avez raison, rien de tel qu'un bon blues pour couvrir le chant du "bourdon". Voilà, je cesse de jouer la mouche du coche et vous souhaite de passer un agréable moment en bonne compagnie.
Corinne, le nouveau message qui apparaît (Sacha Guitry, Si Versailles nous était conté), c'est spécialement pour vous.
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