«J’étais le roi du monde libre. L’Amérique avait permis ce miracle : un type malingre, qui portait au cou, profondément gravé dans sa chair, les traces du fer par quoi il avait été accouché, un ritalo-amerloque nourri aux pâtes, promis à un emploi de liftier dans un grand magasin ou de loufiat dans un bar d’hôtel, ou encore au destin précaire de porte-flingue d’un parrain de quartier, recruté à sa sortie de prison, pleuré par sa mère et ses sœurs le jour de son enterrement, eh bien, ce garçon maigre à la carrure de haricot dominait de ses talonnettes les plus grandes scènes des États Unis, était adulé des foules et choisissait chaque soir dans un catalogue vivant les dix filles qui allaient partager sa nuit et celle de ses copains !
«À quarante ans, je possédais des actions dans les principaux établissements de Vegas. D’ailleurs, cette ville électrique bâtie sur le sable au milieu du désert était à ma mesure. Né d’un rêve de maffieux, elle défiait la réalité, allumait le vice dans la prunelle des culs-terreux pentecôtistes et ruinait les derniers espoirs de fortune des cow boys endimanchés. J’ai toujours aimé le désert ; on n’y voit personne, et surtout pas ces red necks rougeauds, qui chantent leur chagrin en s’accompagnant à la guitare. J’ai horreur de leur confrérie pataude, de leurs danses de migrants balourds. Je change de chemise quatre fois par jour et, le soir, je dîne en black tie modèle tuxedo ; j’applique à la lettre la règle de Marion Maneker : "Formal wear's black and white outward simplicity is elegant beyond improvement.”. Cette formule-là, je l’ai apprise par cœur, le lendemain du jour où je me suis juré de devenir riche et célèbre.
«Ava Gardner, je l’ai connue lorsqu’elle était la femme de cet abruti de Mickey Rooney. Je me souviens de lui avoir glissé à l’oreille : "Je suis arrivé trop tard !” ou quelque chose d’approchant. Elle a ri, mais m’a répondu qu’elle était fidèle. Et c’est vrai qu’Ava ne pouvait aimer qu’un seul homme, celui auquel elle se dévouait : "One bed, one man, one mind !”.
Je l’ai croisée à plusieurs reprises, elle a divorcé, a épousé Artie Shaw (un nom qui fait rire les français), elle a encore divorcé. À vrai dire, elle me hantait, elle habitait mon regard comme une persistance rétinienne. À un moment donné, j’ai eu l’impression qu’elle attendait quelqu’un, un type dans mon genre, arrogant, capable de tirer à coup de chevrotines sur les réverbères et de signer un autographe aux flics qui le verbalisaient. Je me suis mis dans la tête que j’étais l’homme de sa vie. Je voyais juste, mais, bon sang, ce que cette conviction a pu me faire souffrir ! Étrangement, je dois reconnaître que je l’ai passionnément aimée sans m’en apercevoir. Ce n’est qu’après que j’ai compris, mais trop tard ! Son absence a duré une éternité. Quand on sonnait à la porte, je me précipitais, je croyais toujours qu’on allait fêter son retour. Ava, elle m’a vraiment appris ce qu’était un homme seul…»
FRANK SINATRA - Love's been good to me par samba56
«Oui, vraiment, après la Gardner, longtemps tout m'a paru fade. Avec elle, j'avais connu un autre monde, celui d'Ava…»
20 commentaires:
Salut Patrick!
Just want to say Hi and tell you that
I am having fun reading your "nights" posts and am looking forward to La nuit 6!
Have a great weekend
your pal T at
Shrooms$Berries where we always "Do It
My Way"!
where is Corinne???
L'absence de commentaire, là, c'est qu'on n'ose pas rompre le charme. Vite la suite, et la nuit encore, et encore.
Tanya, mais je suis là ! Juste qu'en ce moment, le moral n'est pas au top, et je n'ai simplement pas grand chose à dire, ça passera. However, I read you and Patrick always with pleasure, I think it could be worse without it !
I kiss you both.
Patrick, ne m'en voulez pas mais en ce moment je suis "nouée".. Peut-être ai-je besoin d'une bonne psychanalyse ?? Mais je rechigne à montrer mon "ça" à nimporte qui, même pas à un illustre barbu ! ;-)
Sinatra, chers amis, incarne à lui seul la scène américaine, l'esprit de l'Amérique, son énergie sa flagrante réussite. Sinatra fut un homme, un système, un pays. Il fut tout cela pour le meilleur et pour le pire. Rien de ce qu'il incarne ne lui a survécu. Mais, d'une manière générale, j'ai l'impression que tout se désagrège.
Je voulais donner au récit deux ou trois suites ; je me réjouis que l'affaire vous convienne. Et je suis très heureux que vous ayez «percuté» sur le mot ”nuit" ; ce titre générique m'est apparu comme une évidence.
Enfin, Corinne, cela vous étonnera beaucoup, mais je vous dis que, par une sorte de prémonition, ou par l'entendement de signes absents (!), je me doutais qu'une sorte de morosité, de malaise même vous environnait. Mais vous demeurez cependant «au bout du fil», et c'est l'essentiel. Notre blogue sert aussi à cela.
Joël, vos «tableaux» contemporains me sont devenus indispensables.
Lady T., You're incredible ! You knew «César et Pompée à l'Élysée» ! Few people heard of that, in France today. I love it. It's so «spirituel» and so sexy. You are lovely and really incredible, charmante américaine. Yes, Lady, I insist : Paris is your second home. We need you in France, now, cause we're becoming so «low range».
Patrick!
I am coming!!! June in Paris!!!!
And right there at Felix Faure..haha!
So lets get the party started!
PS. Dear Patrick and Corinne,
What is the best french Champagne
in your opinion?
It would be nice for us americans to know ....( hope, you don't mind me asking).
Aller Corinne courage, comme Patrick qui d'ailleurs l'exprime très bien, je me douter qu'il y avait du rififi et de la morosité depuis quelques jours, ayant pris l'habitude de vous lire ici presque quotidiennement avec plaisir, du coup vous nous manquiez, vrais de vrais (rire), aller-zou, une magnifique lettre de sand a musset pour vous, correspondance libertine, fine est diablement érotique, la classe!
Lettre de Georges Sand à Alfred de Musset, extrait de Lettre d'amour, préface de Françoise Sagan, éd. Hermann, 1996
Lettre de George Sand : extr;
Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
dont vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.
Réponse de Musset
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage?
Vous avez capturé les sentiments d'un cour
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
Bien à vous, Eric Jarrigeon
------------------Cordialement et amitié jean, le bonjour a tous, Patrick, Joël, Tania et les autres
Ah Jean ! S'il est vrai qu'en ce moment j'ai l'âme un peu morose, le rose de vos mots a chassé le bleu. Je dois dire que le rouge m'est monté aux joues, et il s'en faudrait de peu pour qu'à votre passage tous mes feux passent au vert, mais ce ne serait pas sage. Cependant grâce à vous, je reprends des couleurs.
Merci Jean !
Tanya, I think that Patrick could help you better than I, but I like "Veuve Clicquot" !! Not only because of its quality, it's a very good one, but also for "souvenirs" it remains me, what a beautifull night ! :-))
Patrick sur té conseil j'ai commander et reçu le livre de poésies complètes de Blaise cendrars, je n'est pu trouver celui que tu conseillez, Impossible de le dénicher ?, sinon j'ai donc reçu celui des éditions denoël, avec des textes présentés et annotés par claude Leroy avec 41 poèmes inédits, merci a toi,
Avec les amis, les amours et les emmerdes d'Ava et Franck, vous avez de quoi occuper nos nuits jusqu'à Noël cher Patrick.
Je fais de fréquentes infidélités aux passionnants projets d'accord entre les tories et les lib-dems, pour vous lire. Le royaume attendre bien la nuit 6,7,8,9 pour se trouver un premier ministre !
Tanya, don't know if it's the best, but French Embassy in London serves Coizy champagne. Probably less expensive than Veuve Cliquot (we're a poor country), but excellent indeed.
Je pense à vous Corinne.
Dear Corinne and Nadia,
Thank you for your excellent suggestions. I've had so many fun times reading your delightful comments and enjoying your posts in this blog! It would be so great to share a bottle of champagne with you one day and anyway, now I know what to serve you if you ever found yourselves in Colorado where you are very welcome!
And that goes for Patrick and Jean!
Lehaim!
Depuis deux jours, je suis anéanti par de très violents maux de tête. Pardonnez-moi de vous confier avec impudence mes petit soucis, mais c'est parce qu'ils justifient le ralentissement de mon activité, ici. C'est à un point où, parfois, je suis contraint de m'allonger. Cependant, je vous lis, et j'essaie de produire deux ou trois choses, pour ne pas sombrer dans l'hébétude. Je vous ferai part de quelques-unes de mes récentes découvertes ; certaines vous plairont beaucoup.
Je veux également saluer l'arrivée parmi nous de klara r. Voilà qui ne laisse de m'intriguer ! Le prénom suivi d'une initiale, l'origine polonaise…
Patrick, grâce à vous hier j'ai pu voir avec plaisir "In the mood of love", grâce à vous car sans vous il aurait été peu probable que ce film hong-kongais en vo eut attiré mon attention ! Merci !
...Je vous souhaite de tout coeur un prompt rétablissement, peut-être êtes-vous allergique aux pollens ? (C'est mon cas )Mais vous ne l'êtes pas aux Polonaises ! Bienvenue à Klara R. donc.
Tanya -et Nadia, Lehaïm !
Et un voeu : L'an prochain à Boulder!
.."In the mood FOR love".. que vous nous aviez si bien présenté ici.
A la fois sensuel et pudique, de retenue et de passion, un très beau film vraiment.
Bonjour Patrick et bon rétablissement, je connais aussi cela, content de te revoir, sinon comme Corinne hier soir j'ai visionné "In the mood for love" sur art, la classe et l'élégance rien a dire la photo et les vêtements de Maggie Cheung super chic, et en plus très belle-femme, quel films! Le bienvenue a klara,r
Patrick,
Sur Wikipedia "Migraine", un papyrus égyptien montrant le traitement d'un migraineux, obligé de porter, attaché sur son crâne, un crocodile tenant des herbes médicinales dans sa gueule.
A essayer. Sinon, les 3 copains de Constance Verluca, sur mon blog.
Bon courage !
Je vous salue toutes et tous, je sors de l'enfer de la migraine. Corinne, quelle joie de savoir que vous avez aimé In the mood…. C'est une joie, mais point une surprise. Ce film de frôlements, de fracassement silencieux est une grâce !
Joël, figurez-vous que j'aime beaucoup ce groupe de musiciens. Et la chanteuse, dans ce clip, ressemble beaucoup à l'une de mes nièces.
Jean of the moon, ton charme et ta vraie gentillesse opèrent admirablement.
Où est donc Euréka ?
Je vous remercie de votre sollicitude.
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