mardi 4 mai 2010
La nuit 4
Ava Gardner (1922-1990), droits réservés
- Ava, quand elle vous a quitté…
- Atroce ! Ce fut comme si la foudre me tombait dessus. Je ne dormais plus, je me traînais lamentablement, chez moi, sale, en pyjama. J'étais lamentable.
- Pourtant, votre relation…
- … fut agitée, passionnée. Ava, quand elle tombait amoureuse, se vouait entièrement à son homme. Elle en devenait même encombrante. Quelle femme, vraiment ! Une perfection de la nature, avec cela un tempérament ! Mais ces salopards d'Hollywood ont massacré sa carrière. Ils l'ont enfermée dans le rôle d'une belle plante. Tous ses grands rôles, elle les a eus grâce à des réalisateurs prestigieux, qui insistaient auprès des «moguls» pour lui faire signer un contrat : John Huston, Robert Siodmak, Albert Lewin, George Cukor, Joseph Mankiewicz…
- C'est un peu à cause de ce dernier que vous l'avez perdue.
- Mais non, c'est à cause de moi. Je l'avais vraiment dans la peau, la Gardner, mais je suivais tous les jupons qui croisaient ma route. On s'engueulait comme des chiffonniers, on se battait au couteau, puis on se réconciliait au lit. Elle était liane, ventouse, volcan, elle était océan, rivière. Elle était tout au lit, sauf le désert !
- Oui, mais, en Espagne, pendant le tournage de La comtesse aux pieds nus, elle a fait la connaissance du bel hidalgo Luis Miguel Dominguín, le type qui affrontait les taureaux.
- Je n'étais pas jaloux de Dominguin, je savais que notre histoire était achevée, mais j'ai compris qu'elle allait s'éloigner définitivement. J'ai essayé de lui parler, mais rien à faire. Vous savez, je lui devais beaucoup ; nous nous sommes mariés en 1951. Quand je l'ai rencontrée, en 1949, ma carrière prenait l'eau. J'étais passé de mode. Elle m'a remis sur scène et m'a imposé auprès de Hollywood. Oui, vraiment, quand j'ai su que j'avais perdu, j'ai brûlé. Je peux dire que j'ai connu l'enfer.
- Ava, c'était la plus belle ?
- La plus belle de toutes, oui ! Une beauté foudroyante. Une vraie femme, avec un mode de vie d'homme : elle buvait sec, traversait la nuit sans dormir, fumait le cigare, s'endormait sur une épaule, rentrait toujours accompagnée… J'ai mis du temps à cicatriser.
- Elle ne s'est jamais remariée, vous si.
- C'est vrai. Et figurez-vous qu'en 1987 ou 1988, un soir, alors que je venais de donner un récital à Londres, au Royal Albert Hall, je prends une communication dans ma chambre d'hôtel. J'ai reconnu sa voix. J'ai tout revu. Elle était dans la salle, mais ne s'est manifestée qu'au téléphone. Ce fut notre dernière conversation. Elle est morte en 1990. Sur mon lit de mort, je murmurerai le prénom Ava. Et si j'ai pu chanter Love's been good to me, c'est parce que j'ai connu Ava Gardner.
Voici, par Frank ”The Voice" Sinatra et par le très talentueux Johnny Cash, "Love's Been Good To Me"
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