mercredi 26 mai 2010

Bob, chansonnier ; Kaylissa, diariste ; Joan, miséricordieuse

Je me promenais, je suis tombé sur un regard et sur le titre d'une chanson.
La chanson est de Bob Dylan, "Sad-Eyed Lady of the Lowlands”, que l'on pourrait traduire par La fille du Plat-pays au regard triste. Souvenirs en cascade : cette interminable, étrange mélopée, telle qu'en inventait le jeune Dylan, a plongé mon adolescence dans les plus douces contemplations. Elle était à la fois absconse, sentimentale et longue ; c'est assez d'arguments sur quoi s'appuyer pour développer une tactique de prédation amoureuse. Bref, elle constituait un slow présentable, pendant lequel on pouvait se rapprocher tendrement d'une collégienne bien élevée et néanmoins sensible au charme du frotti-frotta !
Le regard est celui d'une jeune femme fort belle, avec l'air très sérieux, presque buté, des filles riches mais sévères, ou de celles qui ont connu des difficultés matérielles et en ont conservé une certaine «conscience de classe». Elle écrit son «diary». J'avoue m'être plus longtemps plongé dans le sombre espoir de ses yeux que dans son texte. Néanmoins, ce que j'en ai lu m'a donné l'impression d'une fraîcheur acide, et d'une certaine lucidité cruelle. J'irai voir plus en détail, et je vous invite à faire de même ; c'est ici : http://kaylyssa.livejournal.com/
Au physique, les deux visages, celui de Joan Baez et celui de Kaylissa ont quelque chose en commun. Les sangs mêlés irlandais, indiens, écossais, anglais ont produit de ces «éblouissants repères» humains.
Voici, par Joan Baez, soprano de variétés, demeurée belle et miséricordieuse, une remarquable version de "Sad-Eyed Lady of the Lowlands”



With your mercury mouth in the missionary times,
And your eyes like smoke and your prayers like rhymes,
And your silver cross, and your voice like chimes,
Oh, who among them do they think could bury you?
With your pockets well protected at last,
And your streetcar visions which you place on the grass,
And your flesh like silk, and your face like glass,
Who among them do they think could carry you?
Sad-eyed lady of the lowlands,
Where the sad-eyed prophet says that no man comes,
My warehouse eyes, my Arabian drums,
Should I leave them by your gate,
Or, sad-eyed lady, should I wait?

[…]

2 commentaires:

Joël H. a dit…

Joan Baez, moquée, ringardisée par les mêmes esprits forts que vous évoquez ailleurs, Patrick - si bab, si 60s pas malin, même pas reconvertie dans l'aerobic ou que sais-je.
Souvent facile, c'est vrai, souvent naïve, ce n'est rien de le dire. Tant pis, tant pis : j'écoute encore - aujourd'hui même - Come from the shadows, 1972, loin d'être le meilleur mais, incidemment, le premier 33T acheté de ma vie.

Patrick Mandon a dit…

Joan Baez, pour moi, «total respect». Et l'un des plus émouvants visages de femme : sa prunelle de feu noir, ses attaches de gazelle, sa ligne mince, pleine et si sensuelle…